lundi 12 avril 2010

OVER THE RAIN
illustration: L.Langlois
extrait du SEUIL DES FROIDURES





Vendredi, 30 décembre 2005
LETTRES



Un dernier poème pour toi en 2005. Tiré de La Frime de l'Éphèbe, ce bout de papier tout fripé qui traînait là, à gauche de l'ordi voulait que ce soit lui on dirait bien. Encore un autre de ces drôles de hasards, je pense qu'il avait à paraître à la suite de ce qui me semble être son frère jumeau, en celui de Gilles Vigneault...C'en est un que j'affectionne particulièrement, parce que je ne l'ai pratiquement jamais retouché si l'on peut dire...Je te l'offre en ce soir de spleen. Tu seras le premier à le lire, et probablement aussi le dernier, très cher Célestin...Bonne Année, mais avant Bonne Nuit...


LETTRES

Nonobstant les jeux interactifs de leur récente amitié,
depuis la joie insoupçonnée de se retrouver ensemble,
les futurs amants, déjà, se reconnaissent, et s'aiment...

Il leur est toujours possible, il me semble,
de se dire Bonjour, Bonne Fête ou Adieu,
sans qu'ils ne viennent en effacer, des mots trempés,
mais si enflammés de leurs courtes lettres non parfumées,
ceux qui seront par eux-mêmes paraphés
de l'émoi ancré dans leur simple je t'aime. 

 
Vendredi, 16 décembre 2005
UNE LETTRE


J’écris ces vers inutiles
Pour la beauté du dormeur
Qui veille en moi puis qui meurt
Sans hâte mais non sans style

Dépassé la plainte hostile
Au-delà de la rumeur
Le sommeil même est charmeur
Et recèle des idylles


Que l’on imaginait mal
Entre L’UNE âpre déesse
Et le fragile animal


Qui la rêve et qui la blesse
Et réclame comme un dû
Un secret qui s’est perdu


Gilles Vigneault
À l’encre blanche



DÉPASSÉ LA PLAINTE

Voici des mots que j’ai récoltés
pour toi seul, Rêveur-Dormeur;
Sous la Lune Pleine de rumeurs
il n’y a plus de temps ni heures,
que des fabricants de douceurs…

Bonne nuit, jeune Dormeur
 
La Louve courbaturée xxx
 
 
Mardi, 6 décembre 2005
EXALTÉS
 
Cœur de verre essoufflé qui se galvaude
Vers notre soif d’amour toujours tu rôdes;
Depuis les innombrables malsains détours
Qui t’évadèrent autour de ces grands jours,
Depuis l’escapade de cette petite débauche,
Tu revins plus vite, et ce, à la même place,
Là où y chevauche dessous ce sein gauche
La Jument haletante de l’inévitable extase.


Inspiré par Satan Belhumeur 
Victor-Lévy Beaulieu


 
LE PRIVILÈGE DE LA BEAUTÉ


Lumières dans notre cauchemar,
Lueurs des arbres de Noël,
Foi dégagée de l’Amour infidèle,
Blancs agneaux de Pascal


Bleuissement de l’encre de la nuit,
Éparpillée entre nous deux;
Têtes trop ingénieuses, cœurs perdus,
Mais aussi amoureux
 
Bouches presque intouchables,
Mains gantées de rose chair;
Fraîcheur d’un jeune cheval,
Ton rire qui meurt à Montréal…


La lune défroquée
Dans un coin du ciel
De l’Alaska glacial;
La volubile envie de t’aimer
Dans le silence
De nos yeux noirs


Des souvenirs d’octobre,
Que la haute palissade
de nos anciens idéaux,
depuis l’Impasse houleuse
que ton sourire
rendit plus valables


Dans ce regard Saint-Petersbourg,
Que mon regret et ton pardon,
et dans mes envies de nous revoir,
que notre amour en code pénal


Te les ayant peut-être autrement dit,
Comme à lui dans les soûls bois,
Je peux bien me le permettre
et te les redire encre une fois


Si avant-hier pouvait avoir
été ce lendemain,
je ne t’aurais jamais aimé
depuis ce jour divin


1995
extrait de LA FRIME DE L’ÉPHÈBE


 

L'OMERTA


Dans les draps mauves plein de passion,
Là où on entend jouer Jupons et Violons,
se chiffonne la Musique de nos violences

***

Puis, neigeât sur mon front,
des petits bonheurs mutilés,
c'était ses baisers mouillés,
d'hier, fraîchement tombés...

Chaste main qui, par impatience,
saisit les siennes, tant convoitées;
Me fait craindre ce grave instant,
Issue anticipée de notre romance

***

Mon âme, devenue une humble prestataire,
s'envola vers sa prison de jeune sédentaire;
Pour conserver pleinement dans cette glace
ce qui ne se rêve qu'en toutes circonstances:
le don perpétuel de nos silences trop vivaces

inspiré par Louise de Tristan Egolf
issu de La Frime de l'Éphèbe



Mardi, 22 novembre 2005
LA VICTOIRE DU DRAGON


Maintenant, il use du murmure et la pâleur d'Iseut le force à poursuivre:

---Ne vous souvient-il pas de moi lorsque je vins vous chercher pour le roi, me disait le marchand ? Souvenez-vous encore de ma victoire sur le dragon, de l'après-midi accablant de chaleur sur la haute mer où je bus après vous cette coupe...Me faut-il poursuivre et vous révéler ce qu'il advint de vous et de moi?

Iseut dissimule son visage et se lève. Le roi avec douceur lui demande d'écouter ce fou divertissant:

---Quel métier sais-tu faire ?
---Ceux des armes et de la chasse. Quand il me plaît avec mes lévriers de prendre les oiseaux du ciel, nul mieux que moi ne connaît la façon de procéder. Quand je tire à l'arc. Je prends vivants les poissons et les requins dans les nuages. Dans les airs, je capte les chevaux et les étoiles, je mange les astres et ne cesse de traquer la chair des anges.
---Que sais-tu prendre en rivière ?
---Tout: les vautours et les loups des bois, les sangliers et les faucons, et même avec les lièvres je capture les buses. Parfois je me fais une monture avec les fourmis et galope nuit et jour pour saisir les méduses qui encombrent les eaux. J'aime dans l'aube capter la tête des rêveurs, entrer dans le sommeil de chacun afin de voler les animaux qui rôdent dans la mémoire. Il m'arrive de prendre des arbres dans mes filets et de ramener aussi des jeunes filles endormies que je mange à midi. Je suis de partout: de la terre et du ciel, du jour et de la nuit. Je cueille des viandes, dans les fougères, que le soleil cuit à point, je pêche des ombres pour en faire de la salive et des roses. Je suis la rencontre du passé et du futur.

Les exclamations et les moqueries reprennent et forcent sa voix à devenir plus âpre:
---Je suis celui qui peut danser dans le feu et désigner la flamme déjà prise par la cendre. Je puis tenir dialogue avec les cailloux, ouvrir dans la mer des maisons et des refuges, construire une hutte d'algues et faire chanter les crabes. Je suis déjà demain. Le présent pour moi est sans commencement. Je dis genoux et je vois coude. Je dis épée et je pense pluie. Je parle la langue de tous les objets. Mes loques sont mon théâtre, vos bijoux des aveugles. De mes paumes j'ai touché toutes les femmes par une seule femme. La mort me fera revivre puisque depuis toujours je deviens plusieurs. Regardez-moi ne plus me voir! Regardez! Je suis la raison de vos rires!

Tristan et Iseut


Vendredi, 18 novembre 2005
19 novembre...1969
COLCHIPIRINE HOUDÉE

En dragées glutinisées
Rhumatisme, goutte aiguë et chronique



Étrange comme entrée tu dois penser; t'as raison, ça l'est...Étrange, mais c'est bien ce qui est écrit dans le tout premier journal que j'écrivais, en ce jour du 19 novembre 1969. Y'a une mèche de ça; une mèche, (mais pas comme celles que j'ai fait donner à mes cheveux aujourd'hui)...;-) Pour les mots étranges, ce sont comme des pub de médicaments qu'ils mettaient à chaque jour...

Les voici donc ces mots que j'écrivais il y a 36 ans... (Dompierre n'était même pas né encore, mais conçu, je pense ..;-)

***

On a fait encore des concours pour la 8 ème année ce matin de 9 hres à 11:15 am. Les Astronautes sont sur la lune et ont mis le pied c'est merveilleux. Mon père s'était levé à 5:30 du matin pour regarder le 3 ème astronaute mettre le pied sur la lune. Canadiens 5 Détroit 2 dur match pour les Canadiens...


***

Ça doit te paraître encore plus étrange...L'école, la science, l'actualité, mon père et...le hockey..C'est ce qui retenait mon attention, à ce moment-là... Les choses ont bien changé, crois-moi..surtout en ce qui concerne le hockey...

***

Suis très fatiguée ce soir; je vais au lit immédiatement après t'avoir écrit..Je pars demain pm chez mon frère M.; ils ont organisé, lui et M., un GROS souper, pour moi, ainsi que pour les deux amis d'enfance de M. L'un d'eux , J.-P., est ingénieur industriel et vient de se porter acquéreur d'un superbe domaine à Ste-Mélanie, aux abords de la rivière Assomption..C'est l'éternel célibataire du groupe, (à part moi qui le serai mais que temporairement ) et l'autre, F., est technicien en aéronautique chez Canadair, en plus d'être aussi un poète (il a déjà été éditeur) et sa compagne n'est nul autre que S., écrivaine de romans jeunesse dans une maison d'édition (dont je ne me rappelle plus le nom) ....(elle en est à son 9 ème roman je crois). Je serai dans un milieu très propice aux discussions artistiques...M. avec ses comiques, M., sa femme, j'ai comme l'impression qu'on va bien s'amuser, et picoler aussi... J'irai donc au salon du Livre le dimanche..Et lundi vers 11:30, beau temps mauvais temps, je devrais être aux côtés d'un ami, un vrai, dans une toute autre dimension que celle du monde virtuel, dont j'en ignore, pour l'instant, les retombées ;-) Espérons qu'il ne s'y passe que de belles choses...L'Anticipation est-elle nécessaire? Je ne saurais quoi répondre ...Je te souhaite une belle fin de semaine..et à lundi...

PS: La fée des étoiles s'en va elle aussi poser le pied sur cette pleine lune de novembre gelé; je suis certaine qu'elle n'endommagera pas son sommeil...d'un mauvais rêve...Bonne nuit...Cosmonaute...



Mercredi, 16 novembre 2005
RÉCUPÉRATION DES DÉCHETS

écrits éclairs tranchés

qui traînent sur le comptoir
écrits de guerre râpés
qui gratinent les mémoires

la seconde fois
qu'un homme t'écrit,
il s'écrie vraiment...

l'Art total qui OSE,
qui ne se dévisse pas;
l'Art qui se démultiplie
comme on en dispose

je n'ai eu que des frères et un seul père,
je n'ai mis au monde que des mâlesfils
émigrés de mes peurs de saoûle sister;
mais n'ai jamais eu aucune vraie sœur,
sauf celle de vos âmes, amis des cœurs

plonger des carotte crues dans de l'eau chaude,
parce qu'elles ont tant besoin d'être cuites...

je cherche des mots
la feuille est blanche;
je trouve tes mots
les feuilles sont rouges...

demander ta main aujourd'hui même,
parce que demain viendra le Carême

ce qu'il reste à (m) éditer
pour nos cœurs en fuite,
ce qu'il reste à cuisiner,
une romance pré-cuite...

comme un jupon beige,
d'une trop courte robe,
nos amours dépassent
le long de nos courbes

on coupe et on (r)abat
les mignons en filets;
on tranche et on sectionne
les cœurs en moignons

les ficelles se sont rompues;
moments difficiles à passer
pour leurs maris
honnêtes...


***


FIN DES LETTRES CÉLESTINES
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